Le changement durable en alimentation :
Des leçons depuis un tunnel

L’école de mes enfants est installée dans une ancienne gare de train.  En France, comme ailleurs, bon nombre de petites lignes de chemins de fer moins profitables ont été fermées avec le temps.  Et, au travers d’une -utilisation ingénieuse de cette infrastructure, de plus en plus de ces chemins de fers sont devenus des « voies vertes ».  Ces sentiers, propices à la marche ou au vélo, rejoignent inévitablement une petite ville à une autre, et dans les régions les plus isolées du pays, ils le font sur des sections plates de forêts, de vallées, et de montagnes.

Dans mon nouveau chez moi des Cévennes, les voies vertes sont, tout simplement, spectaculaires.

Le sentier près de l’école de mes enfants n’est pas encore développé au point d’être goudronné.  Au contraire, il s’agit d’un chemin « naturel » de caillous et de terre (et d’une série de tunnels), qui serpentine au travers de la forêt, joignant notre petit hameau à une autre petite ville un peu plus loin.

La première fois que j’ai traversé le tunnel près de l’école, ce fut une expérience très perturbante… mais aussi très valorisante.  Et, je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une parfaite allégorie qui illustre à merveille l’adoption d’une nouvelle alimentation ou d’un nouveau mode de vie.  Je m’explique…

D’une manière générale, les gens ne choisissent pas de se mettre dans des situations difficiles. Nous sommes tous tentés de suivre le chemin de la moindre résistance, et s’aventurer sur une nouvelle piste peut légitimement faire peur.  L’adoption d’une alimentation sans gluten, Paléo, ou AIP… c’est pareil.

Le plus difficile dans tout changement, c’est le premier pas.  Il fait tellement noir à l’intérieur du tunnel, et nous sommes si aveuglés par notre réalité actuelle, par notre existence en dehors du tunnel, que l’on n’ose pas faire le premier pas.  Même si l’on s’approche de l’entrée, il fait tout aussi sombre.  Et, en plus de tous nos sens en alerte qui nous signalent que le projet en vue demandera sans doute beaucoup de temps et d’énergie — (dont le stock est souvent bien entamé en raison de la maladie chronique) — d’autres essayeront aussi de nous dissuader de nous lancer dans l’entreprise — (voir panneau) — ce qui n’aide pas du tout.

Et pourtant, si nous osons faire ces premiers pas, il peut se passer quelque chose de très profond.

La noirceur effrayante que nous avions perçue au début… se pare tout d’un coup de multiples nuances.   On commence à discerner des détails que nous n’avions encore jamais imaginés.  Et… même si on ne la voit pas encore, on arrive à imaginer… à percevoir ? …une lumière au bout du tunnel qui nous invite à avancer.

…et donc on va de l’avant.  Notre pas est hésitant, les sons créent des échos bizarres tout autour, tous nos sens sont en éveil.

Lentement, mais sûrement, on commence à comprendre (sinon physiquement, du moins intellectuellement) qu’il n’y a en fait rien de véritablement dangéreux ni d’effrayant finalement.  Qu’il s’agit juste d’une expérience différente de toutes celles dont on a l’habitude.

Que ce sentier intimidant menant jusqu’à la noirceur…

…n’est en réalité que ce chemin rectiligne, certes moins bien exposé.

Et on réalise que se faire confiance, faire confiance à son propre jugement est un acte puissant.  Car si j’adhérais à tous mes doutes (encore pire : à tous ceux des autres), je me tiendrais systématiquement à l’écart de toute une panoplie d’expériences potentiellement merveilleuses.  Ce qui serait quand même dommage !

Et donc maintenant, quand j’avance, je suis un peu plus confiante… un peu plus curieuse aussi.

Et la lumière au bout du tunnel prend de l’ampleur, et m’invite de plus en plus.  La route s’éclaircit avec chaque pas, et je suis tirée vers l’avant.  L’entreprise devient nettement plus facile.

Et maintenant je commence à comprendre le terrain qui se trouve devant moi.  J’arrive à identifier, tant bien que mal, des résultats positifs de l’expérience en cours : je n’ai pas eu de coup de barre hier après-midi; je commence à avoir meilleure mine; je me suis réveillée ce matin en me sentant reposée; je n’ai plus les mêmes courbatures; j’ai fait un caca « normal » !  Et ainsi de suite…

Et juste au moment où je commence à compter les bénéfices de ce parcours qui était, au début, si effrayant et si intimidant,… je réalise soudain que j’aboutis.

J’ai réussi à changer mon alimentation !  Je commence à me sentir mieux !  J’ai réussi ce changement !
Et c’est tout un monde de possibilités qui s’offre à moi, là devant : il suffit de continuer à avancer.
Le tunnel encapsule toujours mon point de vue, car les nouvelles habitudes que je dois intégrer ne sont pas encore devenues automatiques.  Mais, selon la direction que je prendrai, ces automatismes vont se renforcer au fur et à mesure.

Et un jour, bientôt peut-être, je saurai peut-être me retourner vers ce tunnel sans peur aucune, et avec hardiesse, même…  en ayant simplement hâte de traverser encore d’autres tunnels !

Parce que les tunnels, c’est ça : ils ont l’air bien sombres et peu engageants, mais en réalité, ils nous indiquent juste le bon chemin à suivre.

À l'issue de l'école de cuisine au Canada en 2018,
Jan Steele (alias La Goose) s'est installée avec sa famille
dans les Cévennes.  Dans leur nouvelle réalité bien campagnarde, elle y gère la cuisine pédagogique
et une chambre / table d'hôtes 100% sans gluten /
Paléo / ou bien AIP.  Elle est aussi l'auteur du podcast
« Bien vivre, sans gluten, en France »
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